L’adresse des étoffes

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Pépite de l’éditeur français Lelièvre Paris, Tassinari & Chatel crée et tisse les plus merveilleuses soieries au monde. Des étoffes d’exception destinées à décorer des châteaux, de grandes demeures, la Maison-Blanche ou l’Élysée. Mais pas seulement. Voyage à la découverte d’un savoir-faire tricentenaire, interprété en plein cœur des paysages lyonnais.

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Lyon, Croix-Rousse. C’est la première étape de ce voyage dans la soierie et dans l’histoire des arts décoratifs qui nous est proposée par Tassinari & Chatel. Cette manufacture âgée de plus de 300 ans, propriété de la famille Lelièvre depuis vingt ans, a en effet deux adresses dans la région lyonnaise qui façonnent, ensemble, son savoir-faire.

Il faut d’abord pénétrer dans une grande pièce, dont la simplicité apparente abrite en fait des trésors : neuf métiers à tisser, actionnés par deux canuses, qui réalisent des tissages uniques, encore non réalisables par une machine. Lampas brochés, velours de soie ciselés à la main, brocarts aux fils d’or ou d’argent… Des tissus réalisés avec la mécanique « Jacquard », mise au point au sein de la manufacture, en… 1806.

Une fabrication particulièrement minutieuse : pour certains tissages, les canuses confessent tisser quelques centimètres par jour. Au son des navettes – ces objets en bois qui contiennent en leur sein les bobines de soie –, le métier dévoile des dessins d’une grande délicatesse. Cachés précieusement dans une salle adjacente, les « mouchets » de soie, multicolores, côtoient des centaines d’archives, des productions précédentes, classées… par l’archiviste de la manufacture qui préserve près de 100 000 documents et tout autant de motifs, d’idées, de couleurs, comme de matières tissées par Tassinari & Chatel.

Un trésor de savoir-faire/Patrimoine vivant

Les collines de la Loire séparent les métiers à tisser de la Croix-Rousse des métiers mécaniques de l’usine qui abritera la deuxième partie de la visite. Ici, un ronronnement, celui des machines, des bobines qui se créent, qui roulent, enroulent, font défiler des kilomètres de fils de soie… Sous l’œil bienveillant de Marie-Christine, dans l’entreprise depuis plus de trente ans. Puis des perspectives, comme des rayons laser, qui sont, en fait, « des fils de soie noués et tendus pour leur mise sur des bobines plus larges, prêtes à tisser », nous confesse Charlotte, qui s’occupe d’assurer la fluidité entre la production et les commerciaux.

Au-dessus de nos têtes, de la brume est diffusée pour contribuer à la souplesse du fil. Cet ensemble de techniques, d’histoires et d’archives compose une collection de tissus dont l’allure navigue entre patrons classiques et compositions contemporaines : des velours, des lampas, des brocatelles, des damas, des impressions chaine, en soie, lin, coton, viscose… Rideaux, sièges, tentures murales, des perspectives infinies de douceurs et de couleur, labellisées « Entreprise du patrimoine vivant », distinction qui récompense le travail de préservation du savoir-faire français, réalisé par des entreprises. De quoi mettre du sens dans sa décoration !

QUATRE ÉLÉMENTS

Du dessin au tissage… l’histoire des 4 éléments, dessin d’Yvonne Clarival, 1923.

Parmi les archives Tassinari & Chatel d’exception, on trouve les 4 éléments… Dessinées en 1923, elles symbolisent La Terre, Le Feu, L’Eau et L’Air. Composées comme de véritables tableaux d’inspiration d’un style voisin de l’Art déco, les quatre archives ont été tissées à partir de gouaches, dont la finesse du trait et les couleurs ont été exactement reproduites. Précieux !

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